Friday, July 17, 2009

yvette 13 octobre 1925 - 1 juillet 2009

A 12 ans ½, tu obtiens le certificat d'études. La maîtresse voudrait que tu continues l'école, mais c'est impossible. Qui s'occuperait de ton petit frère qui vient de naître ? La guerre arrive, ton père est déporté à Buchenwald.
Tu n'avais que 24 ans quand tu m'as mis au monde.
Et tu es encore ravagée par le décès de Christine, ton 2è bébé de 2 mois et demi.
Tu es née dans la misère, tu ne te plains jamais, tu te sacrifies à ton mari et à tes 5 enfants.
Tu fais des lessives à la main, même par – 10°
Tu nous fais gratter les peaux d'orange pour parfumer tes gâteaux.
Tu couds, recouds, reprises et ravaudes avec ta Singer et tes doigts de fée.
Ne cherche pas. C'est toi qui as fait de moi un littéraire. C'est dans ton livre de grammaire de 1932 que tu m'as appris les conjugaisons du conditionnel et du subjonctif. Tu aimais lire tous les jours, et tu as lu jusqu'aux derniers jours alors que tu ne pouvais plus marcher. L'an dernier, tu as lu Le Père Goriot. Tu étais une littéraire. Tu aimais les musées, les châteaux chargés d'histoire, les expositions, la peinture. Tu as toujours aimé les fleurs, les oiseaux, le ciel, la mer, la montagne, les forêts et la Loire. Tu as caressé et nourri des centaines d'animaux.
Tu as poussé très loin l'art de l'abnégation, de l'altruisme, du désintéressement et du sacrifice de soi.
Tu t'es mise toute ta vie au service des autres.
Tu t'es battue jusqu'au bout.
A présent, tu laisses tes 5 enfants orphelins et une bonne vingtaine de petits-enfants et d'arrière-petits-enfants sans mamie. Mais on est là à continuer de te dire merci, et pour longtemps.
Sache-le, maman, nous tes enfants, nous sommes fiers de toi. On a admiré ta générosité, ta simplicité, ton courage, ta dignité, ton amour de la vie.
A présent, maman, rejoins Jean, qui t'attend depuis 4 ans. Comme lui, tu as choisi l'été pour nous quitter. Vous étiez solaires. Ça fait 67 ans que vous ne vous êtes pas quittés.

Jean-Claude