Friday, January 07, 2005

voyage d'affaires

En ce samedi 7 juillet, à Amiens, le soleil est aveuglant. Dans la salle des fêtes où une chapelle ardente a été dressée, une foule silencieuse se recueille. Le ministre des transports Jean-Claude Trottinette a les traits tirés. Il ne prononce aucun discours, se contente de serrer la main d’un commissaire et de parler quelques instants avec le Préfet. Il va vers Icare Soulier, chauffeur à l’Elysée et unique rescapé de la catastrophe aérienne du mercredi précédent. Sauvé dans sa chute par la végétation et l’épaisse couche de vase des marais de la baie de Somme, Icare est un miraculé. Il s’en tire avec une minerve et des fractures multiples aux bras, aux jambes, et il attend dignement dans une voiture d’infirme.
« Toutes mes condoléances monsieur Soulier. Je partage la douleur de vos enfants et la vôtre après la perte de Madame Soulier, une femme exceptionnelle ».
Icare a les lèvres serrées. Ses yeux secs fixent les bottines coûteuses du ministre. Il tripote nerveusement dans sa poche un téléphone portable que la police vient de lui remettre, le portable de Martine Soulier. Il y a découvert le dernier SMS envoyé par celle-ci :
« Mon Jan-Clode chéri. Ne t’1kièt pas pour la grève TGV 2main. Icare a réservé 2 places B. Airways. J’Spère ke Jan-Pier va abréG le conseil D ministr com promis.»
Autour du cercueil de Martine, beaucoup d’hommes en noir aux yeux rouges, et très peu de femmes. Oui, Martine était généreuse.
Le Préfet, qui ne quitte pas des yeux Icare, est venu chuchoter à l’oreille du ministre qui repart déjà, soucieux.
Icare est trop loin pour cracher sur les fleurs. Il faudrait qu’on le rapproche.

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