Tuesday, January 11, 2005

Γαία

Je ne sais pas expliquer pourquoi le 22 mars, expérience inoubliable, deux cents élèves de seconde (six classes) ont pris au sérieux, très au sérieux le travail de Jean-Luc Parant, ont pétri l'argile, modelé près de trois mille boules, créé à leur image. Pourquoi tant d'élèves ont su trouver les mots qui (ré)inventent l'homme prenant des mesures dans le cosmos en choisissant différentes échelles. Pourquoi avant-hier, en 1ère S, expliquant un poème de Victor Hugo sur la mer, tout est devenu plus simple pour les élèves quand j'ai pris l'exemple de leur travail avec l'argile au mois de mars. Je ne sais pas expliquer mais je crois sentir quelque chose : si ton poème, Jean-Luc, ne va jamais à la ligne, c'est que nulle Parque ne peut en rompre le fil, que ton souffle, qui fait indéfiniment frissonner les eaux du lac dans sa nuit, est un Chant, qu'une harmonie chargée d'émotion naît de l'accord entre les ocres des pierres millénaires de l'abside de l'abbatiale de Saint-Philbert de Grandlieu et les ocres de tes 30 000 boules vues de loin. Je crois que les jeunes de 16 ans "savent" où est le sacré aujourd'hui, où ils peuvent placer leur confiance, vers où ils peuvent aller pour se reconnaître humains. Et en les inspirant, ton poème ne les a pas trompés. Ils "savent" que, comme tes boules, l'homme est né de la terre et de l'eau pour y retourner. Quel symbole pour eux que de voir l'artiste qu'ils ont accueilli, à qui ils ont pu parler, rendre à Γαία Gaïa, la Terre-mère, ce que tu ne lui avais emprunté que le temps d'une révolution. Que de voir, geste sacré, offrir une œuvre humaine aux puissances de l'au-delà. Sois remercié ici Jean-Luc, au nom des collègues et des élèves, pour ces six boules que tu as bien voulu sauver des eaux mardi dernier 21 septembre, afin de les signer et de les offrir au lycée Alcide d'Orbigny où elles vont enrichir un assortiment de poèmes et de boules. "J'ai seulement voulu donner aux textes que j'écris un volume, aux mots une matière, aux lettres un toucher, au livre une nuit" écris-tu (Le Français Aujourd'hui n°143 octobre 2003). Quelle belle leçon d'humilité
29 septembre 2004

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